C’est le 30 avril dernier que le Centre culturel Marie-Fitzbach accueillait l’« artiste en évidence » Emmanuelle Breton, dans le cadre de son exposition « Les graines sont invisibles » présentée du 25 février au 8 mai 2016. Pour l’occasion, Emmanuelle a donné un petit atelier dans lequel elle nous a livré le côté personnel et technique de sa vie d’artiste.
Pour tous ceux qui n’ont eu la chance de venir la rencontrer, voici un résumé de cette rencontre conviviale et très enrichissante.
Une artiste en devenir dès son enfance
Jeune enfant, Emmanuelle aimait déjà les arts plastiques et jouer avec la couleur. Les moments qu’elle y consacrait lui permettaient de relaxer, de s’épanouir et d’être heureuse. Elle éprouvait une profonde curiosité envers les arts, même si elle n’y connaissait rien. Le moment venu de choisir son orientation académique, elle était hésitante entre le travail social et l’art. Ses parents n’ont pas hésité à l’encourager en lui disant qu’elle pouvait essayer l’art et qu’elle avait toute la vie devant elle pour changer si elle n’aimait plus ça.
C’est ainsi qu’elle partit du Lac-Etchemin pour aller faire ses études au CÉGEP Beauce-Appalaches. Dès le début, elle est tombée en amour avec les arts et a grandement apprécié ses professeurs qui se sont révélés de véritablement mentors. Elle a poursuivi ses études à l’université en arts visuels où elle a appris la photographie argentique, la sculpture, la soudure, le travail sur bois, la peinture et la gravure qui lui a donné la piqûre; à tel point qu’elle a fait de la linogravure sa spécialisation.
Une fois ses études terminées, elle est devenue travailleuse autonome pour vivre de son art. Selon qu’elle soit en année de création ou d’exposition, sa vie d’artiste la force à établir ses choix de vie en fonction de ses entrées pécuniaires. Cependant, elle se sent bien dans atelier qui la fait voyager tous les jours, observer le monde, la vie, retranscrire la vie dans ses œuvres et mettre son emprunte dans celles-ci.
Présentation technique :
Quelques variantes de la gravure :
- Sérigraphie encre qui passe à travers une soie;
- Sur bois utilisation de gouges pour graver le bois;
- Lithogravure: dessin sur pierre par un procédé chimique
- Eau forte: dessin sur du métal dont l’acide gruge le métal
- Linogravure: matrices gravées dans du linoléum
Quelques outils dans la technique de la linogravure :
- Des morceaux de linoléum taillés en 2’’ x 2’’
- Des dessins déjà gravés
- Des rouleaux à graver
- Des Gouges
- Un pot d’encre à l’huile
Visitez son site internet pour voir des photos de son atelier et de ses étapes de production : http://www.e-breton.com/
Quelques étapes pour nous permettre de nous familiariser :
- Gravure du linoléum avec des gouges et un exacto en petites pièces.
- Accumuler des pièces pour créer des images.
- Faire les lignes gaufrées en plaçant sur son lit de presse des aiguilles et des épingles.
- Prendre du papier BFK Rives (100% cotton sans colle) mis dans un grand bassin d’eau distillée. Le papier se gorge d’eau, prend de l’expansion et épouse la forme des objets.
- À la sortie du papier de l’eau, le déposer dans le lieu de séchage sur des couvertures propres, y déposer sur le dessus de la flanelle et flatter pour enlever le surplus d’eau. Le papier devenu malléable permet de faire une impression.
- Ajuster la presse pour imprimer. Le rouleau écrase la matrice sur le papier.
- Déposer des langes sur le papier afin qu’il reste spongieux.
- Utiliser du chine-collé (papier asiatique) découpé à l’avance. Ce sont les éléments colorés (planètes) sur ses œuvres.
- Mettre de l’encre en surface sur le rouleau et déposer de l’encre sur la matrice. Le gaufrage et l’encrage se font en même temps.
L’inspiration pour le thème pour son exposition « Les graines sont invisibles »
Une amie lui avait demandé de créer une œuvre spécifiquement pour elle, qui l’a décrirait personnellement, ainsi que la personne à qui elle voulait l’offrir en cadeau. Pour ce faire, elle a décidé de créer des mini symboles pour représenter sa petite maison dans le haut de la butte, ses yeux bleus et sa personnalité avenante. C’est ainsi qu’elle a créé une montagne dans les teintes de bleus, a placé une petite maison dans le haut de la montagne et a placé deux gros arbres de chaque côté. Dans le bas de la montagne, elle a mis des épingles et des aiguilles courbées pour imiter le vent qui souffle sur les fleurs. Elle a fait des gaufrages parce qu’elle ne voulait pas avoir visuellement trop de sortes de couleurs.
Son amie, pour qui elle a fait l’œuvre, lui a inspiré qu’elle pouvait, en tant qu’artiste, utiliser de petits symboles simples comme une maison, un arbre, un oiseau, des aiguilles, des broches à tricoter en les positionnant afin de rendre hommage aux gens. C’est ainsi qu’elle a trouvé le titre de son exposition « Les graines sont invisibles » … puisque l’important est invisible à nos yeux!
C’est au cours de cette production qu’elle a eu l’impression d’être habitée par le livre « Le Petit Prince ». Après avoir relu ce livre en entier et elle s’est rendu compte que Saint-Exupéry avait des dessins simples et des descriptions porteurs de sens. Ce livre parle entre autres d’amitié et de l’importance qu’on accorde aux gens, aux objets qui sont importants pour nous.
Tout au long de notre vie, elle constate que nous semons des graines. Elle-même utilise l’art pour parler de la vie, pour sensibiliser les gens à la beauté de la nature, de l’environnement, afin que les gens prennent conscience que quand on s’a les uns les autres, c’est un bien précieux. Les graines que nous semons sont intimes à chacun de nous.
Elle accorde aussi de l’importance à la transmission de nos racines. Dans ses œuvres, elle veut rendre hommage à nos mères et nos grands-mères en créant de très longues racines avec ses broches à tricoter. Elle s’est aussi sentie interpellée par la section du livre qui dit « apprivoise-moi ».
Sans contredit, Emmanuelle a fait le choix d’un métier qui lui permet de s’épanouir et d’être heureuse!
« Artiste en évidence » avec Emmanuelle Breton fut une rencontre fort intéressante. Personnellement, c’est un privilège qui me permet d’apprendre à connaître une artiste et son univers de création. À chaque fois, je repars avec une compréhension différente des œuvres et je me mets à observer des détails qui m’étaient auparavant invisibles.
Je remercie Emmanuelle Breton de sa grande générosité et de nous avoir communiqué sa passion!
Je vous invite à visiter gratuitement son exposition jusqu’au 8 mai 2016, au Centre culturel Marie-Fitzbach.
Danielle Robinson











